Requiem pour une ville perdue, Asli Erdogan

Publié le par P.P

Requiem pour une ville perdue, Asli Erdogan

 

Supplique pour une vie éperdue
 
N'en déplaise à quelque structuraliste égaré, oxymore/redondance, impossible d'aborder cette mosaïque de poèmes en prose, car il s'agit bien de cela, sans en connaître le contexte, sans savoir ce qui désintègre son auteure. 
Fille de parents cruellement en bute au pouvoir turc, Aslik enfant prodige, scientifique de haut vol et féministe militante attise à son tour toutes les haines de l'actuel pouvoir, au point d'avoir été incarcérée puis libérée sous caution et pression internationale avant de fuir pour un précaire exil en Europe. Avec pudeur, c'est le moins qu'il soit possible d'évoquer pour son parcours de vie
Elle ressasse son monde intime trouble et fragile, désespéré car lucide, celui qui l'a hante et l'accompagne dans tous ses exils. Par brides et jaillissements voilà des textes qui évoquent « … l'impression de marcher le long d'un grand fleuve sans jamais avoir la permission de m'arrêter, jamais explorer la rive, jamais regarder une seconde fois les choses." C'est fragmentaire, inclassable et envoûtant. Faut-il les lire ou les gueuler comme de furieuses mélopées, je ne sais. Seule assurance, il s'agit d'une voix majeure de la poésie.
 
Pierre B.
 
B.O. :  Nina Simone : "Backlash Blues" 
 
 
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