Sapiens, Une brève histoire de l'humanité, Yuval Noah Harari

Publié le par P.P

Sapiens, Une brève histoire de l'humanité,  Yuval Noah Harari
Prime à la frugalité bien pensée
 
Pas même cinq cent pages, cela lui semble suffisant pour nous brosser son récit de l'Homme intégral, ombre comprise. Ne pas s'y méprendre, il convient de soupeser la brièveté sous-titrée en couverture par ce jeune historien à l'aune de la "réduction" annoncée par Albert Einstein lorsqu'il publia sa prime approche de la relativité. A contrario c'est donc furieusement globalisant.
Tout attire rien ne rebute, pas même le style ni l'humour, l'approche de cet essai est cordiale. Son sens de notre histoire est inclusif, de magistrale façon Yuval Harari aborde une multitude de thèmes, de périodes et de thèses, c'est foisonnant. Il ne décide de rien, ouvre des pistes, suggère, interprète, explique, nous apprenant des choses à rebours d'idées trop vite et depuis trop longtemps engrammées. 
 
Dans l'évolution de l'Homme réputé sage l'auteur distingue trois stades essentiels : il y a 70 000 ans la Révolution Cognitive que suit l'Agricole il y en a 12 000, avant la Scientifique s'engageant vers le seizième siècle de notre ère.
Nous allons du chasseur-cueilleur à l'homme "moderne" en passant par l'agriculteur. 
L'innovation de sa démarche est ailleurs, enfin presque car à chaque stade de cette évolution il lui est loisible de se questionner sur la ou les raisons de ces glissements comportementaux. Moins que la recherche d'un équilibre sublimé c'est la quête d'un supposé profit quantitatif qui fait bouger les lignes et rend chacun, toujours plus spécialisé dans ses tâches, autrement dépendant d'une société implicitement hiérarchisée. Le chasseur cueilleur n'était-il pas plus heureux que l'homme moderne ? Ne répondez pas trop vite, le dubitatif est conseillé.
 
Le cheminement proposé emprunte des voies perturbantes qui pourraient participer à quelque contre-histoire de l'Humanité. C'est déroutant et tout autant passionnant, Harari chamboule nos certitudes sociétales, philosophiques et religieuses d'homme qui se prétend moderne (on répète n'importe quoi), inféodé à la recherche mercantile de toute innovation confondue à l'envie avec un pseudo progrès. Et si au bout du chemin, pas bien loin nous cédions le pas à l'être bionique ? Indices à l'appui, il l'envisage. Brrrrr.
« L'histoire a commencé quand les hommes ont inventé les dieux. Elle s'achèvera quand ils deviendront des dieux. » Si c'est ça le menu, apportez moi la carte. Magistral.
 
Pierre B.
 
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