La musique d'une vie, AndreÏ Makine
La musique d'une vie. Le premier concert du jeune pianiste Alexeï Berg est annoncé pour le 24 mai 1941. Fin du long purgatoire que sa famille a vécu durant les années de terreur. Promesse d'oub...
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La musique d'une vie
AndreÏ Makine
Vie et destin d'un unique
Les années soixante dix s'achèvent, en une gare glaciale de l'Oural quelques dizaines de voyageurs croupissent dans la nuit et l'attente d'un train promis. Perclus d'ennui, le narrateur envisage ces âmes usées, résignées,ces reclus de tous les désastres. Insolite, parmi eux un homme usé tue le temps ou se l'imagine en risquant quelques accords sur le clavier d'un piano.
Plus tard,dans le wagon de fortune à destination de Moscou, Alexeï Berg c'est son nom, profitera des heures sans ombre pour laisser défiler son histoire. 1930, en pleines purges staliniennes, Alexeï jeune pianiste promis à quelque carrière peaufine son premier récital moscovite programmé pour le lendemain. Il
n'aura pas lieu, ses parents viennent d'être embarqués dans l'instant. Banalité policière. Par hasard sinon
chance Alexeï parviendra à s'enfuir, à échapper au goulag mais pour se jeter… dans la guerre.
De ratages en défaites et jusqu'à son intime débâcle il fera l'expérience d'une vie d'« homo sovieticus » celle
où l'on ne saurait porter un jugement, se décrivant à peine, surplombant l'existence. Même l'horreur glacée,
n'est jamais glaçante.
S'il est possible d'évoquer "Vie et destin" de Vassilii Grosman, ce roman autrement contenu s'en distingue
également par une approche intimiste. Sans s'épargner la dénonciation d'un régime éperdu, c'est ici la
trajectoire sensible d'un seul homme. Et nous restons à sa juste hauteur. Pour ce faire, Andreï Makine opte
pour un mode proche de celui développé dans son "Archipel d'une autre vie," en concoctant un témoin
sans épaisseur apparente mais il y du Makine dedans recueillant le récit de l'autre. Le style frôle la perfection,
émotion et raison trouvent - peut être par magie - leur point d'équilibre, à moins qu'il ne s'agisse de talent, Et il magnifie la langue.
Pierre B.
B.O. : symphonie "Leningrad", cliquer ici pour entendre Dmitri Shostakovich